Terry
m'avait soigné! La correction que l'anglais et ses sbires
m'avait infligé, n'avait duré que quelques secondes,
mais j'avais dégusté! Le temps d'apercevoir le pare
brise de ma déesse voler en éclat et je terminai le
nez dans le caniveau. Trop sur de moi, trop confiant, trop d'alcool
aussi... Trop con surtout! Plus qu'un cassage de gueule ou une mise
à l'amende, c'était une destitution, une révolution,
la fin de mon règne. J'allais apprendre, à mes dépends,
que les chutes sont sans fin, qu'elles tendent alors vers l'infini.
Débris de pain toasté. Portions de saumon. Mégots
de cigarettes. Tâches de vin sur la moquette épaisse.
A moins que ce soit mon pauvre sang coagulé
Mon il gauche, boursouflé comme un fruit trop mur,
refusait de s'ouvrir. La poussière des tapis me chatouillait
le nez. De lautre il, en contre plongée, je remarquai
les chaussures mauves à talons aiguilles de Duke qui trépignaient
dexcitation.
Plus loin, au fond du salon, japerçus deux jambes de
femme assise sur un divan. Trois mains masculines, deux hommes donc,
lui caressaient les mollets. Une petite foule de voyeurs suivait
la scène. Elle décroisa les jambes et les garda légèrement
entrouvertes. Les mains remontèrent aussitôt pour sagripper
derrière ses genoux. Dun geste ferme, elles lui écartèrent
les jambes pour les lui tenir à la verticale. La femme riait,
communiquant aux spectateurs, son plaisir à être exhibée.
Les deux types plongèrent la tête entre les cuisses
de leur victime consentante.
Je reconnus Terry et Mike, deux de mes bourreaux de début
de soirée. La fille nétait quun gadget
pour chauffer la salle, une mise en bouche, jétais
le clou de la soirée.
Allongé sur le ventre, mains et pieds solidement tenus, jétais
écartelé, incapable de bouger. La bottine de Léo
exerça une pression sur ma joue droite. Jétais
bien placé pour pouvoir affirmer quil était
élégamment chaussé. Une chance qu'il portait
des chaussures neuves puisquil mordonna dutiliser
ma langue.
Allez, nettoie ! Lèche ! Espèce de pourri !
Les invités senthousiasmèrent. Après
le concert, les petits fours et les mains au cul aux groupies, mon
humiliation clôturait une excellente soirée. Applaudissements,
cris et rigolades couvraient la voix de Léo. La semelle appuyait
maintenant sur ma bouche. Je serrais les dents et les fesses. Tenir
le coup et attendre que ça passe.
Lèche !
J'obéis et m'appliquai, les semelles de Léo étaient
impeccables. Il relâcha la pression et leva la jambe pour
me marteler le visage de son talon lorsqu'un liquide méclaboussa
la nuque. Il me revint à lesprit lhistoire de
ce parrain de Détroit qui brutalisait les mauvais payeurs,
les réduisant à la fonction d'urinoir devant femme
et enfants. Mais Duke ne se prenait pas encore pour un chef mafieux:
Il navait vidé que sa tasse de thé. Ses gardes
du corps approuvaient, les invités aussi, et Léo lencourageait
à me verser le contenu de la théière.
Il ne recommencera plus, affirma Léo.
Il saccroupit près de moi et répéta :
- Hein, il recommencera plus ? Il a compris ?
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